L'économie de proximité face à la covid-19 : chute historique de l’activité, résistance sur le front de l’emploi

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L’U2P a commandé deux enquêtes à l’institut Xerfi-I+C dans le cadre de la crise économique et sanitaire.

La première porte sur l’activité des entreprises de proximité au cours du 2ème trimestre 2020, la deuxième détaille les caractéristiques de l’emploi dans ces secteurs sur les 6 premiers mois de l’année. Près de 6 200 chefs d’entreprise de l’artisanat, du commerce alimentaire de proximité-HCR et des professions libérales ont été consultés sur l’ensemble du territoire.

La chute est historique. Au deuxième trimestre 2020, l’activité de l’artisanat, du commerce alimentaire de proximité, de l’hôtellerie-restauration et des professions libérales s’est effondrée de 28,5 %, après un premier trimestre déjà marqué par une baisse de 5,3 %. Ces résultats masquent cependant de grandes disparités.

Le secteur des hôtels, cafés, restaurants -HCR- et du commerce alimentaire de proximité, a accusé une baisse de 55 % du chiffre d’affaires d’avril à juin 2020. À eux seuls les HCR, directement concernés par les fermetures administratives et le confinement, ont connu la situation la plus grave avec une chute de 88%. En parallèle, les professions libérales (-26,5 %) et l’artisanat (-24,5 %), ont subi également des reculs sans précédent.

En dépit des dispositifs d’aide mis en place par l’État, le point de vue des chefs d’entreprise sur leur trésorerie s’est encore dégradé, avec une opinion négative qui passe de 37 % au premier trimestre à 56 % au deuxième. Un paramètre qui traduit la grande fragilité financière d’une majorité d’entreprises. En revanche, une nette inversion de tendance s’est amorcée quant à la perception de l’avenir : 31% des personnes interrogées anticipent une activité moins soutenue au cours du 3ème trimestre, alors que 74% d’entre elles avaient cette opinion à l’issue du 1er trimestre.

Sur le front de l’emploi, les entreprises de proximité ont certes moins embauché qu’en 2019 (12% du total contre 18% un an auparavant), mais ont néanmoins démontré leur capacité à créer des emplois durables en recourant largement au CDI (47 % des embauches).

En revanche les perspectives d’embauche traduisent le manque de confiance des chefs d’entreprise en l’avenir, puisqu’ils ne sont que 6 % à prévoir des recrutements au second semestre 2020 contre 11 % l’année dernière. On constate à l’inverse un franc et net regain d’intérêt pour l’apprentissage, qui représente 13 % des intentions d’embauche. C’est une perspective encourageante pour l’économie de proximité, dont la croissance s’était trouvée freinée ces dernières années par le manque de main d’œuvre.

Plus d’un quart (26%) des artisans, commerçants de proximité et professionnels libéraux déclarent avoir rencontré des difficultés d’embauche au cours du 1er semestre. La pénurie est moins forte qu’un an auparavant mais elle se maintient à des niveaux élevés, en particulier dans l’alimentation (43 %), l’hôtellerie-restauration (41 %) et les travaux publics (40%). Elles demeurent modestes chez les professionnels libéraux de la santé (7 %) et du droit (8 %). Les motifs expliquant ces difficultés de recrutement restent inchangés, avec en particulier l’insuffisance des qualifications citée par 68 % des chefs d’entreprise, suivie par l’absence de candidature, citée par 56 % d’entre eux. En revanche ils ne sont plus que 4 % à invoquer un manque de motivation contre 11 % en 2019. Les autres motifs (manque d’expérience, pénibilité, horaires, zone géographique…) se maintiennent autour de 7 %.

Par ailleurs, si dans 14 % des entreprises, des salariés ont quitté leur emploi au cours du 1er semestre 2020, les écarts sont significatifs selon les secteurs : 37% dans l’hôtellerie-restauration, 20% dans l’artisanat des travaux publics, 18% dans l’artisanat de l’alimentation, et 17% dans l’artisanat de la fabrication. Viennent ensuite l’artisanat des services (13 %), les professions libérales techniques et du cadre de vie (12 %) et le commerce alimentaire de proximité (11 %). Enfin, les secteurs où les entreprises ont connu le moins de départ sont les professions libérales du droit (8 %) et de la santé (6 %), et l’artisanat du bâtiment (5 %).

Ces départs sont essentiellement liés à des CDD arrivant à leur terme (36 %) et à des démissions, suivies par les ruptures conventionnelles (11 %). Le nombre de licenciements économiques demeure ainsi contenu (3 % des départs).

Quant aux départs envisagés au second semestre, si seules 11 % des entreprises s’y préparent, on observe là encore de forts écarts qui traduisent l’incertitude pesant en particulier sur l’hôtellerie-restauration (38 %) par rapport aux autres secteurs.

La proportion d’entreprises ayant eu recours à un dispositif d’aide depuis le début de la crise sanitaire s’élève à 55 % mais avec de grandes disparités : seules 19 % des entreprises artisanales de l’alimentation en ont bénéficié, contre 92 % des hôtels-restaurants. Les principales aides reçues sont le premier volet du Fonds de solidarité (47 % des entreprises) et les reports de charges (43 %). À l’autre extrémité du spectre, seules 2 % des entreprises ont bénéficié du deuxième volet du Fonds de solidarité, et 3 % d’exonérations de charges.

« Les entreprises de proximité sont combatives et résilientes, estime le Président de l’U2P, Laurent Munerot, mais elles ne peuvent s’en sortir seules. Le moment n’est pas venu de mettre fin aux mesures de soutien. Au contraire, il faut amplifier les dispositifs, notamment le prêt garanti par l’État (PGE) en permettant aux entreprises d’étaler les remboursements dans le temps et à moindre coût. »

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