Note de conjoncture du 1er trimestre 2018

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Vendredi 20 avril, le Président de la CAPEB a reçu les journalistes pour leur présenter la dernière note de conjoncture :

À quelques jours de l'assemblée générale, le Président confédéral a présenté à la presse la dernière note de conjoncture.

Il a précisé que le contexte est globalement favorable avec un PIB à + 0,6 % et un taux de chômage en baisse (+ 8,9 %).

L’activité des entreprises au 1er trimestre 2018

Dans l’artisanat du bâtiment, l’activité a progressé mais s’il n’y avait pas les travaux d’amélioration de la performance énergétique, le résultat ne serait pas le même : la croissance de ce segment (+ 2,5 %) a largement compensé la faiblesse de l’activité d’entretien rénovation (+ 0,5 %). Ainsi, l’artisanat du bâtiment a bénéficié du CITE et de l’anticipation des ménages avant le changement de règles du crédit d’impôt.

Les intempéries ont eu un impact réel sur l’activité des entreprises, particulièrement dans l’entretien. « On ne découvre pas un toit quand il y a des occupants en-dessous » a souligné Patrick Liébus qui connaît bien le sujet puisqu’il est couvreur zingueur.

Certains territoires sont plus porteurs que d’autres. Ainsi, la région Centre Val-de-Loire reste à la peine (+ 0,5 %) alors que l’Ouest (Bretagne, Normandie) est à 3,5 % et que le Grand Est se porte mieux encore (4,5 %).

Les mises en chantier sont nombreuses et la construction neuve enregistre toujours des scores importants : + 12,5 % sur un an. Les permis de construire ont également fortement augmenté au cours des 12 derniers mois (+ 8 %).

Les perspectives immédiates sont plutôt favorables pour la construction neuve.

Les emprunts s’allongent et deviennent plus supportables pour les ménages. « Ils peuvent aller jusqu’à 30 ans ce qui encourage les jeunes à investir » a souligné le Président.

Le Président Liébus a indiqué que le projet de loi ELAN, s’il contient des simplifications qui seront bénéfiques à l’activité des entreprises, ne devrait pas apporter le choc d’offres qu’on aurait pu espérer.

En outre, la CAPEB s’inquiète des dispositions qui pourraient permettre de contourner le principe de l’allotissement. Elle a beaucoup œuvré pour que la loi MOP soit respectée afin que les entreprises puissent toutes accéder aux marchés dans les mêmes conditions. La CAPEB a rappelé que les petites entreprises n’ont pas de bureau d’étude et doivent pouvoir s’appuyer sur des estimatifs bien faits très en amont.

D’ailleurs, le Président a indiqué qu’il suit, au nom de l’U2P, l’organisation des travaux liés aux JO de 2024 et souligne qu’il est particulièrement vigilant sur l’attribution des appels d’offres et insiste la nécessité de veiller à la qualité des appels d’offres qui doivent être extrêmement précis afin que les petites entreprises puissent y répondre. Il s’agit également de faire attention à la main-d’œuvre qui sera appelée à travailler sur ces chantiers et à la sous-traitance.

Au sein du CSCEE, la CAPEB a été très vigilante sur ce point comme sur les préfabrications.

La CAPEB s’est également beaucoup battue sur ce dernier point. La loi n’a pas lieu d’être modifiée puisque l’allotissement permet d’en faire. Avec bonheur, la CAPEB a vu que le Conseil d’État lui a donné raison en retirant cet article du projet de loi.

Une activité plus modeste dans l’entretien rénovation

L’entretien amélioration se porte moins bien que le neuf. Il est indispensable de maintenir des dispositifs de soutien.

Les travaux d’amélioration de la performance énergétique ont poursuivi leur progression. Mais les restrictions décidées concernant le CITE lors de la dernière loi de finances auront des conséquences sur l’activité. Le taux de 15 % qui s’appliquera, dès le 1er juin, aux chaudières à très haute performance énergétique et les remplacements des simples vitrages par des doubles vitrages. La CAPEB s’est beaucoup battue à Bercy pour maintenir les portes, fenêtres et les volets dans le champ du CITE car ces éléments ont autant d’importance que les murs en termes d’isolation.

« Certains ont profité du CITE pour installer des portes blindées ce qui a pesé sur les chiffres et donc sur la décision d’exclure désormais les portes du champ du CITE » a regretté le Président Liébus.

Le Président a souligné que la transformation du crédit d’impôt en prime est source d’inquiétude car ni le niveau de cette prime ni ses conditions d’application sont connues et il est à craindre qu’ils soient revus à la baisse.

La CAPEB invite les artisans à encourager leurs clients à faire des travaux maintenant pour qu’ils puissent profiter du CITE encore intéressant pour quelques mois.

La plupart des corps de métiers ont profité d’un bon niveau d’activité. Seuls les menuisiers (+ 2 %) et le secteur de l’aménagement décoration (+ 1,5 %) ont fait moins bien.

Il est curieux de constater que ces activités ne décollent pas alors que les ventes de logements anciens ont beaucoup progressé. Il semblerait que les travaux ne soient pas toujours engagés après l’achat d’un logement ancien ou bien qu’ils soient faits par d’autres que les entreprises artisanales du bâtiment.

À cet égard, l’activité dans les GSB montre que les achats de matériaux demeurent à un bon niveau. Ainsi, depuis 2012, les ventes ont progressé dans les grandes surfaces de bricolage. En 2012, l’artisanat du bâtiment régressait de 1 % alors que les GSB voyaient leurs ventes progresser de 2,5 %.

Les perspectives

Les carnets de commande fluctuent légèrement à la baisse. Les artisans du bâtiment ont 84 jours de travail devant eux, soit deux jours de moins qu’un an auparavant et trois de moins qu’au trimestre précédent. Logiquement, le printemps est l’époque où les carnets de commande se regarnissent. Ce n’est pas le cas pour l’instant.

Les carnets de commande dictent les besoins de main-d’œuvre. Les artisans sont parfois amenés à refuser des chantiers par manque de main-d’œuvre qualifiée. La formation des demandeurs d’emploi et des apprentis est nécessaire.

Le Président a fait observer que beaucoup de salariés choisissent de se mettre à leur compte. À ce jour, près de la moitié des entreprises qui s’installent le font sous le régime de la micro-entreprises. Or, ces entreprises ne font ni apprentissage ni création d’emploi.

« Si les ménages reprennent confiance, l’activité des entreprises suivra » a rappelé Patrick Liébus. Les décisions gouvernementales sont donc essentielles. Le dispositif remplaçant le CITE devra rester attractif et les autres aides existantes devront être préservées (ECO PTZ, Pinel, etc.). À défaut, en 2019, l’investissement dans le logement pourrait en pâtir fortement.

Les grèves commencent à avoir un impact sur l’activité des entreprises. Le fret est percuté ce qui génère des difficultés d’approvisionnement dans la construction, au-delà des difficultés de déplacement des salariés qui subissent de plein fouet les embouteillages. Les aiguilleurs en grève sont tout autant pénalisants que les chauffeurs.

Le Président a également évoqué les problèmes de stationnement et de relèvement excessif des amendes qui pénalisent forcément les artisans.

L’emploi et l’apprentissage

Dans l’artisanat, l’emploi salarié devrait progresser de + 2,5 % en 2018, soit 8 à 10000 emplois comme cela était déjà le cas en 2017. Mais ces créations viennent après plusieurs années de destructions d’emplois, entre 2014 et 2016.

La réforme de la formation professionnelle va dans le bon sens avec un gros travail sur l’orientation, sur l’âge et les conditions d’entrée en apprentissage, sur les modalités de rupture des contrats, sur la reconnaissance des maîtres d’apprentissage, sur l’assouplissement des contraintes liées au travail des apprentis dans certaines activités, etc. Des interdictions trop contraignantes vont être levées et permettre aux apprentis d’apprendre réellement leur métier.

Le financement au contrat invite, en revanche, à la vigilance. Il ne faut pas défavoriser certains CFA ou certains métiers.

Une dotation est prévue pour les régions afin de leur permettre d’abonder et ainsi tenir compte de l’implantation des CFA en zones rurales. Les régions auront encore un rôle en matière d’investissement dans les CFA. L’Association des Régions de France avait fait des simulations démontrant que les dotations envisagées seraient insuffisantes pour couvrir les besoins mais le Gouvernement s’est engagé à faire un tour de France pour ajuster ce qui devra l’être.

La période de transition sera compliquée. Toutes les branches devront être en capacité de déterminer le bon niveau des coûts d’apprentissage. Dans le bâtiment, le CCCA a déjà engagé une réforme importante de son réseau.

Le Président a souligné que la CAPEB fait passer avant tout l’intérêt des jeunes pour qu’ils puissent aller dans des CFA de qualité et apprendre un métier en respectant les bonnes règles professionnelles.

« Il y a des manques criants d’apprentis et de CFA dans certains métiers. On a besoin de ces jeunes dans nos métiers ».

Les prix et les marges

Les prix pratiqués par les entreprises ne leur permettent pas de redresser leurs marges. Les entreprises ont des chantiers mais à des conditions tarifaires peu avantageuses.

L’augmentation des prix en entretien amélioration est de 1,7 % alors que les coûts augmentent de 2 %. Cette augmentation des prix résulte largement de l’envol du cours de certains métaux. Ainsi, par exemple, le zinc a augmenté de 24 %.

Les marges sont déjà très faibles et la hausse des prix des matériaux ne font que les contraindre encore davantage. 12 % des entreprises voient leurs marges baisser encore.

La CAPEB craint les conséquences sur les investissements que les entreprises engagent généralement en période de reprise économique. Faute de marges, leurs capacités d’investissement seront limitées.

Créations et défaillances d’entreprises

Les créations d’entreprises progressent et les défaillances sont en baisse mais la CAPEB s’inquiète car les SPI dans les Chambres de Métiers vont être supprimés. C’est une erreur fondamentale. Celui qui s’installe doit avoir l’occasion de rencontrer d’autres candidats à l’installation ce qui lui permet de se situer dans son environnement. Ce stage lui permet de prendre conscience de tous les aspects à gérer dans une entreprise. Bercy considère que les SPI coûtent trop cher, ce qui est faux. La libre installation risque de générer beaucoup d’échecs. Ces personnes risquent de se trouver dans une impasse. C’est sur la base de ce risque qu’est apparue l’idée de créer une assurance chômage pour les indépendants. Mais toutes les situations ne peuvent être prises en compte car l’indemnisation serait beaucoup trop coûteuse. Le dispositif proposé dans le projet de loi encadre strictement cette assurance chômage et ne pourra pas répondre à tous les besoins.

La CAPEB travaille également sur la transmission des entreprises. Le Président a rappelé que le projet de loi « ‘Avenir professionnel »’ prévoit que les démissionnaires pourront bénéficier de l’assurance chômage s’ils ont un projet de création ou de reprise.

La CAPEB estime qu’il est indispensable de mettre autour de la même table le créateur, le repreneur, les banques, les assurances et tous les acteurs que l’entreprise aura à connaître. C’est pourquoi elle a développé des ICRE BTP (Institut du Créateur Repreneur d’Entreprise) dans les départements et/ou les régions afin d’accompagner les candidats à la reprise et à la création d’entreprises et leur donner le plus de chance de réussir leur projet.

RGE et le label ECO Artisan®

Répondant à une question d’un journaliste, Patrick Liébus a fait observer que le nombre d’ECO Artisans est toujours important même s’il ne progresse plus, certainement à cause de la conjoncture et du fait que ce marché de la performance énergétique ne décolle pas.

Le dispositif est encore jeune et peut, effectivement, mériter des ajustements. ECO Artisan® est néanmoins la première qualification RGE en nombre.

Le Président a souligné que l’étude réalisée avec Deloitte et Garance montre que le label ECO Artisan® apporte des clients et du chiffre d’affaires aux entreprises qui en sont titulaires.

La CAPEB continue d’encourager les entreprises à s’inscrire dans cette démarche qui garantit une qualité de travaux pour les clients. « Cela évite aussi que les vendeurs de soupe fassent n’importe quoi sur le marché » a-t-il ajouté.

La CAPEB ne s’oppose pas aux contrôles, au contraire, mais à condition qu’ils soient faits avec discernement et non pas au détriment des entreprises qui font bien leur travail. « Il faut améliorer ce ciblage pour contrôler plutôt les secteurs qui manifestement sont sources de problèmes, comme l’isolation à 1 € par exemple » a déclaré Patrick Liébus.

Les entreprises qui s’engouffrent dans ces opérations ne sont pas toutes vertueuses, loin s’en faut. Un certain nombre profitent de l’aubaine mais n’ont pas forcément les compétences pour assurer une prestation de qualité. Il faut faire beaucoup de chantiers dans une journée pour assimiler le coût d’une isolation à 1 € et quand on fait beaucoup de chantiers, on les fait moins bien. Ainsi, les règles de l’art ne sont pas toujours respectées pas plus que les règles de sécurité. Les techniques les plus rapides sont souvent choisies au détriment de la qualité.

La DGCCRF a pointé ces délinquants mais ce n’est pas pour autant qu’il faut alourdir les contrôles RGE auprès de toutes les entreprises.

Les organismes de qualification font déjà des contrôles. L’an dernier Qualibat a fait 30 000 audits sur site.

Les écarts constatés lors des audits portent généralement sur les aspects contractuels et administratifs et non pas sur le métier lui-même.

« Il faut expliquer aux particuliers l’intérêt de faire appel à des entreprises qualifiées et à se méfier de celles qui font du démarchage pour leur proposer la lune. » a conclu le Président Liébus.

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