Conjoncture : le Président REPON fait le point devant la presse

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Le 16 juillet, le Président de la CAPEB Jean-Christophe REPON a présenté l'état des lieux de la conjoncture à la presse.

Après avoir indiqué brièvement aux journalistes son parcours au sein de la CAPEB, le nouveau Président Jean-Christophe Repon a rappelé le poids de l’artisanat du bâtiment qui reste la première entreprise de France du bâtiment : 557 306 entreprises 651 000 salariés 56 093 apprentis et 86,4 milliards de chiffre d’affaires.

Les artisanat du bâtiment ont fait preuve de responsabilité

Il a souligné ensuite que, pendant la période du Covid, l’entreprise artisanale a su s’adapter et rebondir. Elle a pu préserver ses compétences, pour le moment en tout cas. Elle a fait preuve d’une grande responsabilité en appliquant strictement le principe « pas de sécurité pas de chantier » et malgré tout, les artisans ont répondu présents pour gérer les urgences et les dépannages indispensables pendant le confinement.

Un recul de l’activité historique

Le secteur enregistre aujourd’hui une baisse historique de son activité. Le recul a été de – 12 % au premier trimestre et de – 24 % au deuxième trimestre. Cependant, la crise n’a pas touché toutes les régions de la même façon car l’épidémie a été moins forte dans la ruralité tout comme la coactivité que dans les zones urbaines.

L’outil de production est aujourd’hui à 85 % de ses capacités.

La reprise reste difficile pour 3 principales raisons : la chaine d’approvisionnement n’est pas à 100 % de ses capacités, une partie de la clientèle privée n’ose pas ouvrir ses portes aux entreprises (crainte du Covid, d’une baisse de revenus ou d’une perte d’emploi), et enfin des difficultés à appliquer les recommandations du guide de l’OPPBTP demeurent.

S’agissant des approvisionnements, il est à noter que beaucoup de produits d’importation, utilisés notamment dans le carrelage et le chauffage, manquent aujourd’hui. La situation n’est pas générale dans tous les négoces mais réelle au cas par cas. Jean-Christophe Repon précise qu’il suffit juste d’une pièce manquante pour bloquer la fin d’un chantier.

S’ajoute à ces freins le fait que les entreprises supportent à elles seules les surcoûts liés à la gestion de crise sanitaire. C’est le cas pour 88 % d’entre elles.
La construction neuve a subi une baisse de 22 % au cours du deuxième trimestre. La rénovation est davantage impactée (-25 %) alors que, jusqu’alors, à chaque fois qu’une crise survenait, c’est la construction neuve qui avait été la plus touchée. Cette fois-ci, la crise heurte davantage la rénovation parce que ces travaux se font pour l’essentiel chez des particuliers qui étaient tous ou presque confinés.

Les chiffres publiés par l’Insee en avril faisaient état d’un recul bien plus important mais ils portaient sur le mois de mars au cours duquel les entreprises ont dû cesser totalement leur activité pendant 15 jours. Les petites entreprises sont celles qui ont le plus travaillé au début de l’épidémie. Les plus grandes ont recommencé une fois le guide paru. Or, les entreprises de moins de 20 salariés sont généralement oubliées dans les statistiques ce qui fausse les chiffres publiés. La CAPEB déplore d’ailleurs depuis des années l’absence de prise en compte dans les statistiques nationales des entreprises de moins de 20 salariés qui, dans le bâtiment, représentent 99 % des entreprises !

L’examen de la carte de France montre l’impact différencié de la crise sur les régions, les plus urbaines étant davantage touchées que les régions plus rurales.
Des investissements à l’arrêt

Sur les 6 dernières années, les investissements ont été constants et ont évolué entre 19 et 21 % mais avaient commencé à fléchir entre octobre 2019 et avril 2020. Aujourd’hui, les chefs d’entreprise font preuve d’une grande prudence dans leurs projets d’investissement faute de visibilité sur leur activité future.

L’emploi fauché

La dynamique de l’emploi est également cassée. Le 1er trimestre 2020 a enregistré une baisse de l’emploi (- 0,4 %) pour la première fois depuis des mois. Les embauches (4 %) et les intentions d’embauches (4 %) témoignent de cette cassure. Pour autant, 98 % envisagent de maintenir leurs emplois. Ainsi, même en période de crise forte, les chefs d’entreprise se soucient de ne pas se priver des compétences dont ils auront besoin lorsque l’activité repartira.
La TPE a semble-t-il beaucoup utilisé l’activité partielle mais les chiffres, issus notamment des caisses de congés payés, ne sont pas encore parus de sorte qu’il n’est pas possible de connaître avec précision le comportement des entreprises à cet égard.

Salaires

Répondant à un journaliste qui évoquait les accords d’entreprise destinés à baisser le salaires au nom de l’emploi, Jean-Christophe Repon a souligné que, dans l’artisanat peut-être plus qu’ailleurs, la compétence a un prix. Les entreprises ont toujours des difficultés de recrutement et elles n’en sont pas à négocier des baisses de salaire. Quand une entreprise a un salarié compétent, elle le garde.

L’apprentissage

Concernant l’apprentissage, Jean-Christophe Repon a rappelé que, pendant le confinement, les réseaux ont vite mis en place les formations à distance pour permettre une continuité des enseignements et que l’activité des CFA a repris dès la mi-mai. Pour autant, la rentrée 2020 est inquiétante parce que les artisans ayant des carnets de commandes peu garnis risquent d’hésiter à recruter un apprenti. La CAPEB a plaidé – et a été entendue - pour que l’apprenti puisse entrer dans un CFA même sans avoir trouvé une entreprise.

Les entreprises ne se projettent pas en termes d’emplois et d’apprentissage parce qu’elles n’ont pas de visibilité sur leurs perspectives.

« Pour l’artisanat du bâtiment, l’apprentissage est un élément essentiel tant dans la dynamique de l’entreprise que pour la transmission des savoir-faire. Mais on ne peut pas demander à un chef d’entreprise de s’engager sur deux ans s’il n’a pas de visibilité sur son activité ». Jean-Christophe Repon

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Pas de visibilité sur les perspectives

Les carnets de commande sont en baisse. La grande interrogation est leur évolution prochaine qui dépend largement du retour de la confiance des ménages. A fin mai, les entreprises ont traité les chantiers qu’elles avaient en stock, souvent en sites inoccupés et sans coactivité, c’est-à-dire tous ces chantiers qui étaient plus simples à conduire en respectant les règles sanitaires.

Le Président de la CAPEB a fait observer que l’arrivée des vacances retarde les décisions de travaux que pourraient prendre les particuliers et ne permet donc pas d’alimenter les carnets de commandes.

Devant ces incertitudes, la CAPEB ne fait pas de prévisions mais seulement des hypothèses sur une baisse globale de l’activité des entreprises artisanales du bâtiment en 2020. Dans le meilleur des cas, nous pensons que le recul pourrait s’établir entre -15 % et – 17 %. L’hypothèse la plus pessimiste porterait l’écart de – 17 à – 20 %. Les emplois perdus se situeraient entre 20 000 et 35 000, ce qui représenterait un choc violent.
Pour 2021, l’activité devrait se redresser mais rien ne permet d’imaginer que l’année prochaine sera réellement plus simple.

Défaillances

S’agissant des défaillances envisageables, le Président a souligné que si les artisans sont arrivés à passer ces derniers mois sans trop d’encombres, ils ne supporteront pas une nouvelle crise. Les PGE ont été une soupape importante mais la fin de ces prêts est une source d’inquiétude car si l’activité ne reprend pas en 2021, la sortie des PGE va être compliquée. La CAPEB est évidemment extrêmement vigilante à cet égard.

C’est précisément pour éviter des difficultés futures que l’U2P a demandé un taux fixe pour ces prêts garantis par l’Etat, au moins pour les petites entreprises, car le rapport banque/artisan est vraiment défavorable à un artisan. Un artisan a besoin de connaître ses charges fixes pour se projeter dans l’avenir. Or, il y a eu un manque de transparence dans banques qui n’ont pas annoncé, lorsque ces prêts ont été lancés, que les taux pouvaient augmenter.

Les annonces gouvernementales

Interrogé sur l’annonce d’Emmanuelle Wargon que 4 à 5 milliards du plan de relance seraient consacrés à la rénovation énergétique, Jean-Christophe Repon a estimé que c’était plutôt positif mais qu’il fallait vérifier comment cette enveloppe va générer réellement de l’activité. Aujourd’hui, le levier des aides n’est pas satisfaisant pour dynamiser l’activité. Les entreprises artisanales du bâtiment préfèreraient vivre sans aides qui sont d’ailleurs souvent dévoyées. L’Anah a dû revoir hier son dispositif d’aide à l’isolation pour cette raison. Les artisans n’ont pas une horde de commerciaux pour leur permettre de prendre et de profiter de ces marchés. Les éco-délinquants sont ailleurs. Et pourtant, ils renvoient une image négative de l’artisanat du bâtiment qui ne supportent d’autant plus mal qu’ils font des efforts constants pour se former et former leurs salariés tant pour monter en compétences que répondre aux exigences de la qualification. Si les leviers actuels fonctionnaient correctement, le marché de la rénovation énergétique devrait avoir un taux de croissance à 2 chiffres. Ce n’est pas le cas. Il faut donc améliorer le dispositif.

Les entreprises ont besoin de stabilité et souhaitent avoir de l’activité avant tout. Les aides existantes sont illisibles et ne sont pas actionnées au mieux. MaPrimeRénov tarde à démarrer et les retards dans le traitement des dossiers sont très importants. Tout cela contribue à nuire à la confiance des ménages et à décourager les entreprises qui voudraient bien faire. C’est pourquoi beaucoup d’entreprises préfèrent ne pas utiliser ces dispositifs alors qu’ils réalisent les chantiers et participent ainsi concrètement à la rénovation énergétique des logements et des bâtiments.

Le nouveau Ministère du Logement

Le Président de la CAPEB a considéré que le rattachement du ministère du logement au ministère à la Cohésion des territoires était assez cohérent. Il a rappelé que la CAPEB est structurée sur une base territoriale, qu’elle couvre l’ensemble du territoire et considère que cette écoute mutuelle est positive.
La CAPEB avait d’excellents contacts avec Julien Denormandie qui était très à l’écoute. Elle était globalement en phase avec lui, notamment dans sa volonté de redensifier les villes. En outre, la loi Elan contenait un certain nombre de bonnes décisions.
Jean-Christophe Repon a également souligné l’existence d’un nouveau ministère dédié aux PME qui est une reconnaissance de la place des petites entreprises et de l’artisanat dans la société et l’économie française.

Les axes de développement de la CAPEB

Le Président a souligné que la toute première priorité est de bien informer les particuliers. Il faut élargir les bénéficiaires des aides et notamment aux 9ème et 10ème déciles qui font habituellement le plus de travaux. Enfin, la CAPEB revendique l’application du taux réduit de TVA sur l’ensemble des travaux de rénovation. On ne peut pas rénover sur le plan énergétique si on n’est pas en conformité sur le plan électrique par exemple. Il faut permettre aux ménages de faire des programmes de rénovation sur plusieurs années. La programmation permettra les rénovations globales. L’obligation ne fonctionne pas. Il faut se donner les moyens de réussir la rénovation énergétique des logements, en particulier sur l’immobilier le plus éloigné de la performance énergétique.

Le Secrétaire général a ajouté qu’il faut aussi accompagner les entreprises parce que le dispositif RGE est particulièrement compliqué. Les grilles d’audits ne sont pas identiques dans ce dispositif et dans celui des certificats d’économies d’énergie. Il est nécessaire de simplifier faute de quoi beaucoup d’entreprises vont se détacher de ces marchés. Si les particuliers ont besoin d’une meilleure information, les entreprises ont besoin d’être accompagnées. Jean-Christophe Repon a ajouté que les artisans passent bien trop de temps à des tâches administratives et doivent être sécurisés. L’artisan préfère faire une remise plutôt que de construire un dossier CEE uniquement parce que la constitution d’un dossier est compliquée et chronophage.

S’agissant d’information des ménages, un journaliste de RMC a demandé au Président s’il était prêt à prendre la question à bras le corps et à conduire une campagne de communication avec la FFB. Le Président Repon a indiqué que si le Gouvernement était prêt à donner les moyens pour le faire, alors la CAPEB s’engagerait volontiers dans une telle campagne d’information.

Le Président Jean-Christophe Repon a ajouté que la crise du Covid avait été un révélateur du rôle et de l’utilité des corps intermédiaires et des organisations professionnelles.

« Chaque chef d’entreprise a pu prendre conscience de l’intérêt d’être accompagné et soutenu par une organisation patronale comme la CAPEB pour traverser une telle crise » Jean-Christophe Repon.

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