Le Président de la CAPEB fait un point de conjoncture devant la presse

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Les chiffres de la conjoncture au 3ème trimestre 2020 sont tombés. Le Président Repon en a présenté une analyse devant la presse ce jeudi 15 octobre.

Le Président confédéral a ouvert cette conférence de presse en soulignant que l’année était compliquée pour les entreprises artisanales du bâtiment mais que, comparé aux résultats catastrophiques des deux derniers trimestres, celui du 3ème trimestre est plutôt satisfaisant.
Ainsi les entreprises artisanales du bâtiment ont enregistré une reprise d’activité plutôt correcte ces trois derniers mois (+ 0,5 %) ce qui devrait permettre de limiter l’effondrement prévisible sur l’ensemble de l’année (– 10 %).
Pour autant, si la conjoncture est aujourd’hui meilleure que prévu au début de l’été, la vigilance s’impose toutefois pour les mois à venir car beaucoup d’inconnues demeurent et rendent difficiles toutes estimations pour la suite.

 

L’analyse du 3ème trimestre 2020

Le 3ème trimestre affiche une évolution de l’activité de + 0,5 % en comparaison du 3ème trimestre 2019, après – 12 % au 1er trimestre et – 24 % au 2ème trimestre. Même avec un très bon 3 trimestre, l’artisanat du bâtiment ne pourra pas rattraper l’activité perdue au printemps.

De manière inattendue, la construction neuve – qui représente 43 % du chiffre d’affaires des entreprises de moins de 20 salariés - affiche aujourd’hui une progression de + 1 %.
C’est l’effet d’un rattrapage des autorisations et des permis de construction qui n’avaient pas été réalisés pendant le confinement et les semaines qui ont suivi.
Cela concerne notamment les maisons individuelles et le petit collectif.

Le marché de l’entretien rénovation est, quant à lui, à zéro, un niveau faible donc mais néanmoins satisfaisant compte tenu de la situation au cours des deux trimestres précédents.
Le non résidentiel n’est pas parvenu à remonter la pente (– 2 %) ce qui a freiné le résultat global de l’entretien rénovation.
La tendance annuelle s’établit donc aujourd’hui à – 1,5 %.

S’agissant de la performance énergétique, l’activité reste fragile mais positive avec + 0,5 %.

Dans les régions, l’Ouest semble avoir mieux récupéré que les autres régions avec des résultats oscillant entre + 1,5 % et + 2,5 %. L’Ile de France et PACA restent dans le rouge (- 1 %) tandis que AURA et les Hauts-de-France enregistrent une très faible progression (+ 0,5 %), le Grand Est, la Bourgogne Franche-Comté et le Centre tirant un peu mieux leur épingle du jeu (+ 1 % à + 1,5 %.

Les carnets de commande qui se réduisaient doucement mais constamment depuis l’an dernier ont bénéficié d’un rebond au cours de ces 3 derniers mois. Ils passent ainsi de 65 jours en juillet à 72 jours en octobre.
Les besoins de trésorerie des TPE du bâtiment restent importants (20 000 € en moyenne en octobre 2020) mais sont néanmoins en diminution par rapport aux trimestres précédents (23 000 € en juillet, 24 000 € en avril).
Il ne fait aucun doute que les mesures d’urgence prises par l’Etat ont permis d’épargner quelque peu les trésoreries des entreprises même s’il est clair qu’elles rognent également sur leurs marges pour faire face à la situation.

La crise a cependant des incidences sur l’emploi qui progressait pourtant au 1er trimestre 2020 (+ 1,4 % sur un an, soit + 19 000 salariés entre le 1er trimestre 2019 et le 1er trimestre 2020).

Les créations et les défaillances d’entreprises sont en baisse mais il est encore trop trop tôt pour vérifier s’il s’agit d’une tendance ponctuelle ou durable.

Aujourd’hui, les entreprises artisanales du bâtiment tournent à plein régime. Elles sont d’ailleurs 68 % à déclarer une capacité de production supérieure à 100 % !

Mais les entreprises ont eu du mal à relancer la machine car si la moitié d’entre elles déclarent n’avoir aucune difficulté, 34 % regrettent un retard des chantiers, 16 % déplorent le refus de la clientèle privée de poursuivre les chantiers et 12 % évoquent des problèmes d’approvisionnement.

L’utilisation des mesures d’urgence par les entreprises artisanales du bâtiment

8 % des entreprises artisanales du bâtiment ont bénéficié d’un PGE mais cette moyenne cache un grand écart puisque seules 3 % des entreprises sans salarié en ont demandé un alors que 30 % des entreprises comptant entre 10 et 19 salariés l’ont fait.

46 % des entreprises ont bénéficié du fond de solidarité et, à l’inverse des PGE, ce sont surtout les entreprises sans salarié qui ont sollicité ce fonds (48 %), celles de 10 et 19 salariés n’étant que 28 % à le faire.

 

Les hypothèses pour la suite

Si le 4ème trimestre est de même niveau que le 3ème trimestre, alors l’artisanat du bâtiment pourrait enregistrer un niveau d’activité de - 9 % sur l’année 2020 et de + 6 % à + 8 % en 2021 (par rapport au – 9 % de l’année 2020 et si ce niveau est confirmé).

Le Président Jean-Christophe Repon a souligné que l’activité reprend avec un effet rattrapage évident, que mesures gouvernementales ont joué à plein pour les TPE qui bénéficient également du fait que les ménages ont eu le temps de réfléchir à l’amélioration de leur logement et de leur confort pendant le confinement.

L’emploi

L’entreprise artisanale du bâtiment est agile. Elle n’a pas embauché pour l’instant mais aimerait le faire. Pour autant, elle préfère pour le moment travailler en surrégime plutôt que de s’engager dans de nouvelles embauches compte tenu des incertitudes qui demeurent.
Une part non négligeable de particuliers restent réticents à ouvrir leurs portes aux professionnels.
Au total, ce sont 2 ou 3000 pertes d’emplois qui devraient être enregistrées, ce qui représenterait une certaine stabilité en comparaison d’une année classique.
Mais si l’activité devenait pérenne, alors l’artisanat du bâtiment est en capacité de créer jusqu’à 10 000 emplois sur l’année.

La CAPEB a demandé au Gouvernement de s’engager avec elle sur une charte avec Pôle emploi pour identifier les compétences et les mettre en relation avec les besoins des entreprises. Il y a déjà des initiatives prises en ce sens dans les CAPEB départementales qu’il faudrait généraliser sur l’ensemble du territoire.

La CAPEB ne fera pas un pin’s affirmant que l’artisanat du bâtiment s’engage à créer des emplois. Mais le secteur est en capacité d’en créer plus de 10 000.

La rentrée de l’apprentissage est satisfaisante et sera même peut-être un peu meilleure qu’en 2019 qui était déjà une année exceptionnelle, sachant que la loi permet aux apprentis de commencer leur formation même sans entreprise pendant 6 mois. Il faut donc que, dans les 6 mois, les entreprises artisanales du bâtiment retrouvent leur activité pour pouvoir recruter tous les jeunes qui n’ont pas encore trouvé une entreprise pour les accueillir.

Répondant à la journaliste des AEF concernant les contreparties au Plan de Relance demandées aux entreprises par l’Etat, Jean-Christophe Repon a souligné que les discussions avec les Pouvoirs publics ont porté sur la manière de réussir le plan et non pas sur les contreparties. Il a souligné que l’artisanat a déjà fait tout son possible pour maintenir l’emploi et les compétences en évitant de licencier son personnel. Il a également maintenu son investissement dans l’apprentissage.

La CAPEB a dit à l’Etat qu’elle était prête à s’engager sur la lutte contre le travail détaché en rappelant que cette main-d’oeuvre doit pouvoir se substituer uniquement en l’absence d’une main-d’œuvre locale. Mais la proposition qu’elle a faite d’une convention en ce sens n’a pas eu suite pour le moment.

Les conditions d’une reprise durable de l’activité

Le Président a relevé par ailleurs que les mesures gouvernementales sont, certes, encourageantes, mais que l’activité promise sur le champ de la rénovation énergétique ne pourra réellement se concrétiser que si le dispositif du RGE est simplifié. Or, la nouvelle mouture du dispositif est tout aussi complexe que la précédente.

S’agissant de l’éco-délinquance, et répondant au Moniteur, le Président a souligné que la multiplication des audits et des contrôles n’est pas un frein aux éco délinquants mais en est un pour la TPE.
Il a déploré que l’Etat ne fasse pas la part des choses entre les éco-délinquants qui cherchent à profiter financièrement du système et des artisans qui ont simplement des écarts de résultats sur quelques chantiers.
Ce n’est pas en multipliant les contrôles et les audits qu’on pourra lutter efficacement contre l’éco-délinquance.
Les écarts relevés notamment par Qualibat portent pour beaucoup sur les pratiques commerciales et non sur le métier lui-même.

Répondant à la journaliste des Echos qui s’interrogeait sur le coût d’une qualification RGE pour un artisan du bâtiment, le Président Repon a rappelé que la situation était très variable selon les organismes qualificateur et les domaines demandés mais que le coût d’une qualification est d’environ 300 € par an et par domaine d’activité.
Il a précisé qu’en milieu rural par exemple, un artisan plombier chauffagiste pouvait avoir besoin de couvrir l’ensemble de son champ d’activité pour satisfaire la diversité des besoins de ses clients, ce qui peut le conduire à avoir 6 domaines d’activité et à s’exposer donc à 6 fois 4 audits.
Par conséquent, passer de 12 à 19 domaines conduit à renchérir le coût global pour l’artisan ainsi que le nombre de contrôles. C’est de toute évidence un risque supplémentaire de voir les entreprises artisanales du bâtiment se désengager de ce dispositif RGE.
Le Président a ajouté que les paperasseries administratives liées aux qualifications se répètent chaque année, que l’artisan qualifié commence l’année avec cette charge sans savoir s’il aura suffisamment de chantiers de rénovation énergétique. En outre, s’il n’a pas suffisamment de chantiers, il sort de la qualification RGE puisque, pour pouvoir garder sa qualification, il doit présenter un minimum de références. Or, en milieu rural notamment, cela peut être compliqué d’avoir suffisamment de chantiers dans tous les domaines d’activité sur une année.

C’est pourquoi la CAPEB continue de revendiquer une réelle simplification du dispositif.
“J’ai peur que cette nouvelle mouture du RGE soit à nouveau un frein pour les artisans du bâtiment.” a dit Jean-Christophe Repon.

La CAPEB espère arriver à une réelle simplification avec la mise en œuvre d’un audit au coup par coup, ce qui pourrait amener plus d’artisans à revenir vers le RGE.

Par ailleurs, la CAPEB porte toujours l’idée d’un taux réduit de TVA pour l’ensemble de la rénovation qui devrait être plus dynamique. L’artisanat du bâtiment aurait la capacité d’englober la rénovation énergétique dans la rénovation globale.

L’annonce des nouveaux barèmes MaPrimeRénov’ ne se font pas encore sentir.
En effet, les clients attendent la concrétisation de ces dispositions dans le cadre du projet de loi de finances qui n’est pas encore voté. En outre, certains doivent arbitrer avec le CITE pour ceux qui y ont encore droit et certains sont dubitatifs par rapport au versement effectif de la prime qui devrait intervenir théoriquement au 1er janvier mais qui sera sans doute plutôt effectif dans la 2ème partie du 1er semestre.

La CAPEB avait demandé l’entrée en vigueur de ces dispositions au 1er octobre non pas pour augmenter aussitôt l’activité mais pour éviter un trou d’air.

L’Anah a eu un retard dans la gestion de la prime qu’elle a récupéré concernant le traitement des dossiers mais pas en ce qui concerne les paiements qui font toujours l’objet d’importants retards.

6 000 dossiers ont été payés en septembre sur les 25 000 dossiers en cours de traitement pour paiement. Les entreprises artisanales du bâtiment constatent ce problème chaque jour et sont donc mesurés sur MaPrimeRénov’. Certains ont même fait l’avance à leur client pour conclure le chantier et ont maintenant des problèmes de trésorerie car les versements de la prime sont en retard de 6 mois alors qu’ils devraient théoriquement intervenir dans les 2 ou 3 semaines suivant les demandes.

La situation est semblable côté des certificats d’économies d’énergie. Il y a encore 6 mois de retard. Les demandes de CEE faites il y a un an et qui n’ont pas été traitées pendant le confinement se trouvent hors délais. L’ensemble du dispositif est impacté quel que soit l’obligé concerné.

Répondant au journaliste de La Tribune concernant le relèvement du seul de passage des marchés publics de gré à gré à 100 000 €, Jean-Christophe Repon a indiqué que le Gouvernement devait faire une analyse juridique sur la faisabilité de cette mesure.
De son côté, la CAPEB demande que le déplafonnement déjà fixé à 70 000 € se prolonge au-delà du 1er juillet 2021 et dure au moins pendant tout le temps du plan de relance. Elle continue également à défendre le respect de l’allotissement dans ces marchés et persiste dans sa demande que l’apprentissage permette de satisfaire la clause d’insertion de ces marchés publics. Il a rappelé à cet égard que 80 % des apprentis de la branche sont formés dans les entreprises artisanales du bâtiment.

S’agissant des surcoûts, question posée par la Rédactrice en chef de ZePro, le Président a rappelé qu’il s’agit toujours d’un frein à l’activité du principalement à la coactivité et à la mise en application du guide OPPBTP. Il a indiqué que les artisans ont bien compris maintenant que personne ne portera ce surcoût avec eux et qu’ils devaient donc les supporter eux-mêmes. Ainsi, les artisans du bâtiment rognent leurs marges pour garantir la sécurité de leurs salariés.

 

À lire : 

- communiqué de presse de la CAPEB :

cp_capeb_conjoncture_3e_trimestre_2020_version_definitive.pdf

- présentation faite à la presse :

capeb-conference-de-presse-15-oct-2020-.pdf


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